Les relations internationales d’Haïti de 1957 à 1971 : la politique étrangère de François Duvalier
, le 22 mai 2012 |
En 1957, François Duvalier instituait une dynastie autoritaire en Haïti [1].
Ni les attaques internes, ni les invasions externes ne sont parvenues à
l’écarter du pouvoir. Après sa mort en 1971, son fils Jean-Claude
devenait président à vie à 19 ans et restait au pouvoir jusqu’en 1986.
Des chercheurs suggèrent que ce régime dictatorial n’a pu diriger Haïti
pendant 29 ans sans le soutien des grandes puissances. Ma thèse de
doctorat, intitulée « Les relations internationales d’Haïti 1957-1971 :
la politique étrangère de François Duvalier », propose une analyse
approfondie de la politique étrangère de François Duvalier en vue
d’élucider le rôle du contexte international dans le maintien de sa
dictature. Elle permet de confirmer la prédominance du communisme dans
les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine pendant la
Guerre froide. Elle apporte un ensemble d’éléments nouveaux qui peuvent
aider à éclairer davantage l’héritage sinistre de Duvalier dans la
politique haïtienne.
François Duvalier laisse sa marque dans toutes les sphères de la politique contemporaine haïtienne. Son nom est mentionné dans toutes les études qui portent sur le XXe siècle haïtien. Dans le domaine de la politique intérieure, son bilan est sans équivoque : dictature, crime d’État, corruption… Son régime est unanimement décrit comme l’une des pires dictatures de l’histoire contemporaine de l’Amérique latine [2]. Dans le champ des relations internationales, cependant, le bilan de son règne n’est pas encore clairement établi. Peu de recherches ont été conduites sur l’insertion d’Haïti dans le système international sous Duvalier. Ce vide historiographique ne facilite pas le lien, pourtant fondamental, entre les pratiques de politique intérieure de Duvalier et la conduite de sa politique extérieure.
Il est certain que même en utilisant la violence aveugle comme mode de gouvernement, le pouvoir autoritaire des Duvalier ne pouvait durer quatorze années, avec le père, et survivre quinze autres années, avec le fils, sans l’aval des grandes puissances, particulièrement les États-Unis ; Haïti étant situé dans la Caraïbe, à quelques kilomètres de la Floride [3]. Il est aussi évident que la lutte contre le communisme, qu’on disait en faveur de la « démocratie », dominait les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine pendant la Guerre froide ; un régime dictatorial évoluant sur le continent américain ne pouvait passer inaperçu [4].
Aussi, pour éclairer la politique de Duvalier, nous avons examiné les objectifs qu’il visait par sa conduite des relations internationales d’Haïti dans le contexte de la Guerre froide, étudié les stratégies qu’il mettait en place pour atteindre sa finalité et analysé l’articulation entre sa politique extérieure et sa politique intérieure. Nous avons utilisé comme source principale les archives diplomatiques de la France, les archives nationales et présidentielles des États-Unis, les archives diplomatiques d’Haïti et les journaux de l’époque. Nous avons également recueilli des témoignages de survivants de la période, afin de cerner les quatorze années de pouvoir de François Duvalier.
Pour bien comprendre la politique étrangère de Duvalier, nous avons commencé par analyser son tempérament et retracer sa marche vers le pouvoir [5]. Cet exercice a permis d’appréhender sa vision du monde pour mieux situer le sens de ses actions d’homme d’État. Ceci passe par l’étude de ses textes et actions d’avant le pouvoir. On y retrouve un adepte du vaudou, un militant noiriste [6] à la rigueur raciste, un partisan ; mais aussi un homme réservé qui n’était jamais au premier plan. Louis Diaquoi et Lorimer Denis le devançaient dans Les Griots, un cercle intellectuel qui prônait la mise en valeur de la culture authentique haïtienne ; il était presque inexistant au Bureau d’ethnologie, où régnaient Jean Price Mars et Jacques Roumain ; il était loin derrière Daniel Fignolé au parti politique Mouvement ouvriers paysans (MOP). C’est peut-être cette attitude qui lui a permis de durer, de ne jamais connaître ni la prison ni l’exil, et d’accéder au pouvoir d’abord en 1946 comme membre du cabinet du président Dumarsais Estimé puis en 1957 comme président de la République, avec le support du haut état-major de l’armée et l’ambassade américaine qui voyaient en lui un homme facilement manipulable [7].
À son arrivée au pouvoir, Duvalier avait 50 ans et était très expérimenté. Il était conscient du poids des acteurs externes dans la politique interne du pays. Aussi allait-il conduire sa politique extérieure en fonction des logiques de politique intérieure. Les plus importants postes diplomatiques d’Haïti à l’étranger se trouvaient donc aux États-Unis, le grand voisin continental, en République Dominicaine, avec lequel Haïti partage sa frontière terrestre, à Cuba, le pays de Fidel Castro, en France, dont Haïti est l’ancienne colonie, au Vatican, en raison du poids de l’Église catholique en Haïti, et auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation des États américains (OEA). Duvalier ne voyageait jamais à l’étranger – sauf quand il traversa la frontière en décembre 1958 pour rencontrer son homologue dominicain Rafael Leónidas Trujillo. De ce fait, ses représentants étaient les vrais piliers de sa diplomatie, même s’ils avaient une marge de manœuvre très limitée.
François Duvalier était le véritable détenteur du pouvoir et l’architecte de la politique étrangère d’Haïti. Il contrebalançait le pouvoir de l’armée en créant un corps paramilitaire, les tontons macoutes. Il se débarrassait peu à peu des collaborateurs trop influents. Les postes diplomatiques servaient de lieu d’exil idéal des militaires et duvaliéristes qui ne rentraient plus dans le schéma du président. Dans ses relations internationales, Duvalier utilisait tour à tour la force, la diplomatie et le chantage pour parvenir à ses fins. Quand il était en quête d’ouverture économique, il s’appuyait sur la France, le pays avec lequel Haïti maintient les liens les plus anciens [8]. Mais quand il avait d’autres projets en vue, il prenait ses distances avec la France et s’attaquait à ses intérêts économique, culturel et religieux. La France était, certes, laïque ; mais pas dans ses relations avec Haïti. Aussi a-t-elle été la grande victime du conflit État-Église qui marquait la présidence de Duvalier [9]. En plus du clergé français, qui dominait l’Église catholique d’Haïti, François Duvalier devait s’imposer au chef d’État de la République dominicaine, Rafael Leónidas Trujillo [10]. Mais ne pouvant utiliser la manière forte contre lui, Duvalier décida d’en faire un allié. Les relations entre les deux hommes sont allées bon train jusqu’à ce que Trujillo, dans sa tentative de dominer l’ensemble de la Caraïbe, se permette de planifier un attentat contre le président du Venezuela Romulo Betancourt. Ses hommes de main arrêtés à Caracas et à Mexico étaient détenteurs de passeports diplomatiques haïtiens. Pour se racheter, Duvalier accepta les exigences de l’OEA de rompre les relations diplomatiques avec la République dominicaine [11].
C’est cette même logique d’alliance occasionnelle qui a dominé les relations entre Haïti et Cuba. Duvalier, après avoir flirté avec les rebelles cubains puis les avoir rejetés pour embrasser Batista, n’était pas rassuré avec la victoire de Fidel Castro. De plus, dans la troupe qui débarque à la Havane le 1er janvier 1959, il y avait beaucoup de rebelles haïtiens qui juraient de marcher sur Port-au-Prince [12]. En août 1959, un groupe de Cubains et d’Haïtiens débarquent effectivement sur la côte sud d’Haïti dans le but de renverser Duvalier. Celui-ci n’aurait peut-être pas gardé son fauteuil sans l’intervention des marines américains [13]. Les États-Unis étaient en fait le partenaire privilégié de Duvalier. Le président haïtien faisait tout pour entretenir de bonnes relations avec le président des États-Unis, Dwight Eisenhower. Il lui offrit d’établir une base militaire en Haïti. Il obtint de l’administration américaine d’importants appuis budgétaires et militaires. Mais jugeant l’aide financière américaine insuffisante, il menaça de passer dans le camp communiste [14]. Sa politique de chantage lui facilitait l’accès privilégié aux aides américaines nonobstant le caractère dictatorial de son régime [15].
Avec le support des États-Unis, Duvalier avait donc les moyens de faire fonctionner son gouvernement, d’armer les tontons macoutes et d’installer tranquillement sa dictature. À partir de 1960, il généralisait sa politique contre les hommes d’Église. Cette fois il expulsait également des religieux haïtiens, des Canadiens et des protestants. Duvalier ne pouvait supporter l’indépendance des religieux ni leur obstination à tenir tête au pouvoir temporel. Sa politique anticléricale lui valut toutefois d’être excommunié par le Vatican, mais il continua d’avoir le soutien des États-Unis [16]. Sous l’accusation de communistes, il réprimait toute personne qu’il considérait comme une menace potentielle. Le pays se vida alors de ses éléments les plus importants. Vers la fin de 1960, les premiers boat people haïtiens étaient aperçus sur les côtes de la Floride. Au cours de cette même période, des milliers d’haïtiens se sont réfugiés dans plusieurs pays de la Caraïbe particulièrement la République dominicaine et les îles Bahamas. Le président haïtien se permettait, au nom de la lutte contre le communiste, de faire comme bon lui semblait sous le regard des États-Unis [17]. Mais cette logique connut un coup d’arrêt avec l’élection de John F. Kennedy comme président des États-Unis.
En avril 1961, Duvalier se livrait à une sorte de « coup d’État » particulièrement original. Lors des élections législatives, il mit brusquement fin à son mandat qui devait arriver à terme dans deux ans pour se faire réélire pour six ans. Kennedy, qui rêvait d’une Amérique latine démocratique, ne cacha pas sa difficulté à digérer la manœuvre de Duvalier. Toute sa politique visait à forcer le président haïtien à laisser le pouvoir en 1963, à la fin de son mandat constitutionnel [18]. Kennedy, dans sa démarche, était rejoint par le président dominicain Juan Bosch. Aussi, les relations haïtiano-américano-dominicaines sont-elles alors marquées par des tentatives d’invasion, de menaces de guerre et de batailles diplomatiques. De temps en temps, Duvalier faisait ressortir le spectre communiste pour faire pression sur Kennedy. Il marchandait les votes d’Haïti dans les organisations internationales, par exemple lors de la conférence de Punta del Este qui consacrait l’exclusion de Cuba de l’OEA [19]. Sur le terrain, il organisa des manifestations de masse au cours desquelles la foule chantait la gloire du régime en même temps qu’elle se montrait menaçante à l’égard de certains gouvernements étrangers. Au cours de cette période plusieurs diplomates ont été expulsés du pays et des immunités diplomatiques étaient violées en grand nombre [20]. Il s’agissait de toute évidence des années les plus mouvementées des relations internationales d’Haïti sous Duvalier.
Cette période permet de saisir le poids de la Guerre froide dans les relations internationales d’Haïti. Kennedy n’aimait pas Duvalier, mais les considérations liées à la menace communiste l’empêchaient d’adopter certaines mesures qui auraient pu provoquer la chute du régime. Duvalier, pour sa part, arrivait à évaluer le poids respectif des forces en présence pour ensuite les jouer, ne serait-ce que virtuellement, les unes contre les autres : les religieux haïtiens contre les français, l’ONU contre l’OEA et Kennedy contre de Gaulle qui voulait constituer une troisième voie dans le conflit qui opposait l’Union soviétique aux États-Unis.
Le 22 novembre 1963, Duvalier sablait le champagne au Palais national. Son plus grand ennemi, John Kennedy, n’était plus. Bosch avait été victime d’un coup d’État deux mois plus tôt. Duvalier avait donc le champ libre. Cependant, souffrant de diabète et d’insuffisance cardiaque, il savait que ses jours étaient comptés – même s’il se proclamait président à vie. Il avait conscience de n’avoir aucun bilan. Il avait, enfin, le souci de ne pas rentrer dans l’histoire avec une image si terne. Aussi voulait-il à la fois se refaire une santé sur la scène internationale et gagner en prestige. C’est ce qui ressort de sa politique de reconnaissance systématique des nouveaux États africains et de ses négociations avec le Vatican en vue de l’établissement d’un clergé indigène en Haïti. Nous retrouvions donc le Duvalier nationaliste et noiriste [21]. Cependant, il s’en prenait moins aux étrangers, il était moins arrogant et beaucoup plus novateur. Car il lui fallait trouver des débouchés économiques, au niveau international, pour réaliser ses projets. Sur ce point, il comptait notamment sur les États-Unis. Mais Johnson, sans jamais dire non à Duvalier, décida de ne lui accorder aucune aide. Le régime était sous contrôle américain pour l’empêcher de basculer vers le communisme. Cependant, il n’était pas question de le supporter ni financièrement, ni militairement. Duvalier fut obligé de contourner le refus de Johnson en se procurant des armes dans la contrebande, en faisant la promotion d’un plan d’urgence « l’Effort National » qu’il qualifiait d’Alliance pour le Progrès à l’haïtienne, en investissant dans le tourisme et en se tournant vers d’autres pays dont l’Allemagne, le Japon, la Chine nationaliste, l’Italie et la France.
Cette période consacrait le retour en force de la France en Haïti. La personne du général Charles de Gaulle planait sur les nouvelles relations franco-haïtiennes, même après l’arrivée de Georges Pompidou à l’Élysée [22]. Duvalier accueille alors de prestigieuses personnalités françaises dans son palais et reçoit la Médaille pour la paix de la ville de Verdun. C’était donc l’entente cordiale entre Haïti et la France, même si cette dernière n’avait pas les moyens d’injecter les sommes nécessaires dans l’économie haïtienne. Heureusement pour Duvalier, l’attitude américaine changea après l’arrivée de Richard Nixon au pouvoir. La visite de Nelson Rockefeller en Haïti, le pragmatisme de Henry Kissinger, les multiples plaidoyers de l’ambassadeur Clinton Knox et, plus encore, les considérations liées à la lutte contre le communisme en Haïti permettent le retour en grâce du régime de Duvalier dans le camp américain [23]. Nixon décida de relâcher l’étau sur Haïti, mais Duvalier, sur son lit de mort, n’aura pas le temps de jouir de cette nouvelle disposition. Son successeur à la présidence à vie, Jean-Claude Duvalier, héritait donc d’un pouvoir qui était en bons termes avec les principaux partenaires d’Haïti notamment les États-Unis [24].
S’il n’y avait pas eu la Guerre froide, Duvalier n’aurait certainement pas conservé son pouvoir. Profitant de la peur provoquée par la révolution cubaine aux États-Unis, Duvalier a lancé la propagande selon laquelle le communisme était une menace pour la région et affirmé que le gouvernement haïtien pouvait en être un rempart. Sur cette base, il a pu jouir de l’argent, des armes et de la tolérance du bloc occidental. Avec ces moyens, il a réprimé ses opposants politiques et réduit au silence le clergé catholique qui se montrait trop critique. Il avait assez de ressources pour réduire l’influence de la France quoique Haïti restât attaché à la langue et à la culture françaises. Sous l’accusation d’être des communistes, il a exécuté ou exilé des parlementaires, des prêtres, des militaires et des professionnels de toutes catégories qu’il considérait comme des menaces potentielles. Envahis par la crainte d’avoir un deuxième Cuba dans la Caraïbe, les différents présidents américains supportaient la dictature ou adoptaient une attitude de laisser-faire à son égard. Le contexte de la Guerre froide n’a pas seulement donné à Duvalier la latitude de maintenir son pouvoir, il lui a permis de changer en profondeur les objectifs et le personnel de la diplomatie haïtienne. Duvalier a ainsi donné un nouveau sens à l’intérêt national qu’il confondait avec ses intérêts personnels et à son projet politique. La politique étrangère de Duvalier était complètement subordonnée à sa politique intérieure. Il a mis en place une diplomatie de circonstance qui s’adaptait aux besoins du moment et au contexte international. Comme en politique intérieure, il a utilisé tour à tour la stratégie, l’opportunisme, le pragmatisme et le chantage dans la conduite des relations internationales d’Haïti.
François Duvalier laisse sa marque dans toutes les sphères de la politique contemporaine haïtienne. Son nom est mentionné dans toutes les études qui portent sur le XXe siècle haïtien. Dans le domaine de la politique intérieure, son bilan est sans équivoque : dictature, crime d’État, corruption… Son régime est unanimement décrit comme l’une des pires dictatures de l’histoire contemporaine de l’Amérique latine [2]. Dans le champ des relations internationales, cependant, le bilan de son règne n’est pas encore clairement établi. Peu de recherches ont été conduites sur l’insertion d’Haïti dans le système international sous Duvalier. Ce vide historiographique ne facilite pas le lien, pourtant fondamental, entre les pratiques de politique intérieure de Duvalier et la conduite de sa politique extérieure.
Il est certain que même en utilisant la violence aveugle comme mode de gouvernement, le pouvoir autoritaire des Duvalier ne pouvait durer quatorze années, avec le père, et survivre quinze autres années, avec le fils, sans l’aval des grandes puissances, particulièrement les États-Unis ; Haïti étant situé dans la Caraïbe, à quelques kilomètres de la Floride [3]. Il est aussi évident que la lutte contre le communisme, qu’on disait en faveur de la « démocratie », dominait les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine pendant la Guerre froide ; un régime dictatorial évoluant sur le continent américain ne pouvait passer inaperçu [4].
Aussi, pour éclairer la politique de Duvalier, nous avons examiné les objectifs qu’il visait par sa conduite des relations internationales d’Haïti dans le contexte de la Guerre froide, étudié les stratégies qu’il mettait en place pour atteindre sa finalité et analysé l’articulation entre sa politique extérieure et sa politique intérieure. Nous avons utilisé comme source principale les archives diplomatiques de la France, les archives nationales et présidentielles des États-Unis, les archives diplomatiques d’Haïti et les journaux de l’époque. Nous avons également recueilli des témoignages de survivants de la période, afin de cerner les quatorze années de pouvoir de François Duvalier.
Pour bien comprendre la politique étrangère de Duvalier, nous avons commencé par analyser son tempérament et retracer sa marche vers le pouvoir [5]. Cet exercice a permis d’appréhender sa vision du monde pour mieux situer le sens de ses actions d’homme d’État. Ceci passe par l’étude de ses textes et actions d’avant le pouvoir. On y retrouve un adepte du vaudou, un militant noiriste [6] à la rigueur raciste, un partisan ; mais aussi un homme réservé qui n’était jamais au premier plan. Louis Diaquoi et Lorimer Denis le devançaient dans Les Griots, un cercle intellectuel qui prônait la mise en valeur de la culture authentique haïtienne ; il était presque inexistant au Bureau d’ethnologie, où régnaient Jean Price Mars et Jacques Roumain ; il était loin derrière Daniel Fignolé au parti politique Mouvement ouvriers paysans (MOP). C’est peut-être cette attitude qui lui a permis de durer, de ne jamais connaître ni la prison ni l’exil, et d’accéder au pouvoir d’abord en 1946 comme membre du cabinet du président Dumarsais Estimé puis en 1957 comme président de la République, avec le support du haut état-major de l’armée et l’ambassade américaine qui voyaient en lui un homme facilement manipulable [7].
À son arrivée au pouvoir, Duvalier avait 50 ans et était très expérimenté. Il était conscient du poids des acteurs externes dans la politique interne du pays. Aussi allait-il conduire sa politique extérieure en fonction des logiques de politique intérieure. Les plus importants postes diplomatiques d’Haïti à l’étranger se trouvaient donc aux États-Unis, le grand voisin continental, en République Dominicaine, avec lequel Haïti partage sa frontière terrestre, à Cuba, le pays de Fidel Castro, en France, dont Haïti est l’ancienne colonie, au Vatican, en raison du poids de l’Église catholique en Haïti, et auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation des États américains (OEA). Duvalier ne voyageait jamais à l’étranger – sauf quand il traversa la frontière en décembre 1958 pour rencontrer son homologue dominicain Rafael Leónidas Trujillo. De ce fait, ses représentants étaient les vrais piliers de sa diplomatie, même s’ils avaient une marge de manœuvre très limitée.
François Duvalier était le véritable détenteur du pouvoir et l’architecte de la politique étrangère d’Haïti. Il contrebalançait le pouvoir de l’armée en créant un corps paramilitaire, les tontons macoutes. Il se débarrassait peu à peu des collaborateurs trop influents. Les postes diplomatiques servaient de lieu d’exil idéal des militaires et duvaliéristes qui ne rentraient plus dans le schéma du président. Dans ses relations internationales, Duvalier utilisait tour à tour la force, la diplomatie et le chantage pour parvenir à ses fins. Quand il était en quête d’ouverture économique, il s’appuyait sur la France, le pays avec lequel Haïti maintient les liens les plus anciens [8]. Mais quand il avait d’autres projets en vue, il prenait ses distances avec la France et s’attaquait à ses intérêts économique, culturel et religieux. La France était, certes, laïque ; mais pas dans ses relations avec Haïti. Aussi a-t-elle été la grande victime du conflit État-Église qui marquait la présidence de Duvalier [9]. En plus du clergé français, qui dominait l’Église catholique d’Haïti, François Duvalier devait s’imposer au chef d’État de la République dominicaine, Rafael Leónidas Trujillo [10]. Mais ne pouvant utiliser la manière forte contre lui, Duvalier décida d’en faire un allié. Les relations entre les deux hommes sont allées bon train jusqu’à ce que Trujillo, dans sa tentative de dominer l’ensemble de la Caraïbe, se permette de planifier un attentat contre le président du Venezuela Romulo Betancourt. Ses hommes de main arrêtés à Caracas et à Mexico étaient détenteurs de passeports diplomatiques haïtiens. Pour se racheter, Duvalier accepta les exigences de l’OEA de rompre les relations diplomatiques avec la République dominicaine [11].
C’est cette même logique d’alliance occasionnelle qui a dominé les relations entre Haïti et Cuba. Duvalier, après avoir flirté avec les rebelles cubains puis les avoir rejetés pour embrasser Batista, n’était pas rassuré avec la victoire de Fidel Castro. De plus, dans la troupe qui débarque à la Havane le 1er janvier 1959, il y avait beaucoup de rebelles haïtiens qui juraient de marcher sur Port-au-Prince [12]. En août 1959, un groupe de Cubains et d’Haïtiens débarquent effectivement sur la côte sud d’Haïti dans le but de renverser Duvalier. Celui-ci n’aurait peut-être pas gardé son fauteuil sans l’intervention des marines américains [13]. Les États-Unis étaient en fait le partenaire privilégié de Duvalier. Le président haïtien faisait tout pour entretenir de bonnes relations avec le président des États-Unis, Dwight Eisenhower. Il lui offrit d’établir une base militaire en Haïti. Il obtint de l’administration américaine d’importants appuis budgétaires et militaires. Mais jugeant l’aide financière américaine insuffisante, il menaça de passer dans le camp communiste [14]. Sa politique de chantage lui facilitait l’accès privilégié aux aides américaines nonobstant le caractère dictatorial de son régime [15].
Avec le support des États-Unis, Duvalier avait donc les moyens de faire fonctionner son gouvernement, d’armer les tontons macoutes et d’installer tranquillement sa dictature. À partir de 1960, il généralisait sa politique contre les hommes d’Église. Cette fois il expulsait également des religieux haïtiens, des Canadiens et des protestants. Duvalier ne pouvait supporter l’indépendance des religieux ni leur obstination à tenir tête au pouvoir temporel. Sa politique anticléricale lui valut toutefois d’être excommunié par le Vatican, mais il continua d’avoir le soutien des États-Unis [16]. Sous l’accusation de communistes, il réprimait toute personne qu’il considérait comme une menace potentielle. Le pays se vida alors de ses éléments les plus importants. Vers la fin de 1960, les premiers boat people haïtiens étaient aperçus sur les côtes de la Floride. Au cours de cette même période, des milliers d’haïtiens se sont réfugiés dans plusieurs pays de la Caraïbe particulièrement la République dominicaine et les îles Bahamas. Le président haïtien se permettait, au nom de la lutte contre le communiste, de faire comme bon lui semblait sous le regard des États-Unis [17]. Mais cette logique connut un coup d’arrêt avec l’élection de John F. Kennedy comme président des États-Unis.
En avril 1961, Duvalier se livrait à une sorte de « coup d’État » particulièrement original. Lors des élections législatives, il mit brusquement fin à son mandat qui devait arriver à terme dans deux ans pour se faire réélire pour six ans. Kennedy, qui rêvait d’une Amérique latine démocratique, ne cacha pas sa difficulté à digérer la manœuvre de Duvalier. Toute sa politique visait à forcer le président haïtien à laisser le pouvoir en 1963, à la fin de son mandat constitutionnel [18]. Kennedy, dans sa démarche, était rejoint par le président dominicain Juan Bosch. Aussi, les relations haïtiano-américano-dominicaines sont-elles alors marquées par des tentatives d’invasion, de menaces de guerre et de batailles diplomatiques. De temps en temps, Duvalier faisait ressortir le spectre communiste pour faire pression sur Kennedy. Il marchandait les votes d’Haïti dans les organisations internationales, par exemple lors de la conférence de Punta del Este qui consacrait l’exclusion de Cuba de l’OEA [19]. Sur le terrain, il organisa des manifestations de masse au cours desquelles la foule chantait la gloire du régime en même temps qu’elle se montrait menaçante à l’égard de certains gouvernements étrangers. Au cours de cette période plusieurs diplomates ont été expulsés du pays et des immunités diplomatiques étaient violées en grand nombre [20]. Il s’agissait de toute évidence des années les plus mouvementées des relations internationales d’Haïti sous Duvalier.
Cette période permet de saisir le poids de la Guerre froide dans les relations internationales d’Haïti. Kennedy n’aimait pas Duvalier, mais les considérations liées à la menace communiste l’empêchaient d’adopter certaines mesures qui auraient pu provoquer la chute du régime. Duvalier, pour sa part, arrivait à évaluer le poids respectif des forces en présence pour ensuite les jouer, ne serait-ce que virtuellement, les unes contre les autres : les religieux haïtiens contre les français, l’ONU contre l’OEA et Kennedy contre de Gaulle qui voulait constituer une troisième voie dans le conflit qui opposait l’Union soviétique aux États-Unis.
Le 22 novembre 1963, Duvalier sablait le champagne au Palais national. Son plus grand ennemi, John Kennedy, n’était plus. Bosch avait été victime d’un coup d’État deux mois plus tôt. Duvalier avait donc le champ libre. Cependant, souffrant de diabète et d’insuffisance cardiaque, il savait que ses jours étaient comptés – même s’il se proclamait président à vie. Il avait conscience de n’avoir aucun bilan. Il avait, enfin, le souci de ne pas rentrer dans l’histoire avec une image si terne. Aussi voulait-il à la fois se refaire une santé sur la scène internationale et gagner en prestige. C’est ce qui ressort de sa politique de reconnaissance systématique des nouveaux États africains et de ses négociations avec le Vatican en vue de l’établissement d’un clergé indigène en Haïti. Nous retrouvions donc le Duvalier nationaliste et noiriste [21]. Cependant, il s’en prenait moins aux étrangers, il était moins arrogant et beaucoup plus novateur. Car il lui fallait trouver des débouchés économiques, au niveau international, pour réaliser ses projets. Sur ce point, il comptait notamment sur les États-Unis. Mais Johnson, sans jamais dire non à Duvalier, décida de ne lui accorder aucune aide. Le régime était sous contrôle américain pour l’empêcher de basculer vers le communisme. Cependant, il n’était pas question de le supporter ni financièrement, ni militairement. Duvalier fut obligé de contourner le refus de Johnson en se procurant des armes dans la contrebande, en faisant la promotion d’un plan d’urgence « l’Effort National » qu’il qualifiait d’Alliance pour le Progrès à l’haïtienne, en investissant dans le tourisme et en se tournant vers d’autres pays dont l’Allemagne, le Japon, la Chine nationaliste, l’Italie et la France.
Cette période consacrait le retour en force de la France en Haïti. La personne du général Charles de Gaulle planait sur les nouvelles relations franco-haïtiennes, même après l’arrivée de Georges Pompidou à l’Élysée [22]. Duvalier accueille alors de prestigieuses personnalités françaises dans son palais et reçoit la Médaille pour la paix de la ville de Verdun. C’était donc l’entente cordiale entre Haïti et la France, même si cette dernière n’avait pas les moyens d’injecter les sommes nécessaires dans l’économie haïtienne. Heureusement pour Duvalier, l’attitude américaine changea après l’arrivée de Richard Nixon au pouvoir. La visite de Nelson Rockefeller en Haïti, le pragmatisme de Henry Kissinger, les multiples plaidoyers de l’ambassadeur Clinton Knox et, plus encore, les considérations liées à la lutte contre le communisme en Haïti permettent le retour en grâce du régime de Duvalier dans le camp américain [23]. Nixon décida de relâcher l’étau sur Haïti, mais Duvalier, sur son lit de mort, n’aura pas le temps de jouir de cette nouvelle disposition. Son successeur à la présidence à vie, Jean-Claude Duvalier, héritait donc d’un pouvoir qui était en bons termes avec les principaux partenaires d’Haïti notamment les États-Unis [24].
S’il n’y avait pas eu la Guerre froide, Duvalier n’aurait certainement pas conservé son pouvoir. Profitant de la peur provoquée par la révolution cubaine aux États-Unis, Duvalier a lancé la propagande selon laquelle le communisme était une menace pour la région et affirmé que le gouvernement haïtien pouvait en être un rempart. Sur cette base, il a pu jouir de l’argent, des armes et de la tolérance du bloc occidental. Avec ces moyens, il a réprimé ses opposants politiques et réduit au silence le clergé catholique qui se montrait trop critique. Il avait assez de ressources pour réduire l’influence de la France quoique Haïti restât attaché à la langue et à la culture françaises. Sous l’accusation d’être des communistes, il a exécuté ou exilé des parlementaires, des prêtres, des militaires et des professionnels de toutes catégories qu’il considérait comme des menaces potentielles. Envahis par la crainte d’avoir un deuxième Cuba dans la Caraïbe, les différents présidents américains supportaient la dictature ou adoptaient une attitude de laisser-faire à son égard. Le contexte de la Guerre froide n’a pas seulement donné à Duvalier la latitude de maintenir son pouvoir, il lui a permis de changer en profondeur les objectifs et le personnel de la diplomatie haïtienne. Duvalier a ainsi donné un nouveau sens à l’intérêt national qu’il confondait avec ses intérêts personnels et à son projet politique. La politique étrangère de Duvalier était complètement subordonnée à sa politique intérieure. Il a mis en place une diplomatie de circonstance qui s’adaptait aux besoins du moment et au contexte international. Comme en politique intérieure, il a utilisé tour à tour la stratégie, l’opportunisme, le pragmatisme et le chantage dans la conduite des relations internationales d’Haïti.
[1]
Cet article est le compte rendu de la thèse de doctorat de l’auteur
« Les relations internationales d’Haïti 1957-1971 : la politique
étrangère de François Duvalier », réalisée sous la direction de Robert
Frank et soutenue à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne le 27 juin
2011.
[2] Cf. Leslie F. Manigat, Haiti of the Sixties, Object of International Concern, Washington, The Washington Center of Foreign Policy Research, 1964 ; Robert I. Rotberg, Christopher K. Clage, Haiti. The Politics of Squalor, Boston, Houghton Mifflin, 1971 ; Michel-Rolph Trouillot, Haiti : State Against Nation. The Origins and Legacy of Duvalierism, New York, Monthly Review Press, 1990.
[3] Cf. Gérard Pierre-Charles, Radiographie d’une dictature, Montréal, Edition Le Natal, 1988, traduit de l’espagnol Radiografía de una dictadura. Haití Bajo el régimen del doctor Duvalier, Mexico, Ed. Nuestro Tiempo, 1969 ; Bernard Diederich, Le Prix du sang. La résistance du peuple haïtien face à la tyrannie, tome I, François Duvalier (1957-1971), Port-au-Prince, Editions CEDH, 2005 ; Leslie J. R. Péan, Haïti, économie politique de la corruption, Tome III : L’ensauvagement macoute et ses conséquences, Paris, Maisonneuve et Larose, 2007.
[4] Cf. Stephen G. Rabe, Eisenhower and Latin America, The Foreign Policy of Anti-Communism, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1988 ; The Most Dangerous Area in the World : John F Kennedy Confronts Communism Revolution in Latin America, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999 ; Pope G. Atkins, Latin America in the International Political System, Boulder, Westview Press, 1989 ; Jorge Dominguez, Pastor Robert, Worrell DeLisle, Democracy in the Caribbean : Political, Economic, and Social Perspectives, Baltimore, John Hopkins University Press, 1993 ; Denise Artaud, Les États-Unis et leur arrière-cour. La défense de la troisième frontière, Paris, Hachette, 1995.
[5] Comme l’enseignent Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle, pour une réalisation efficace de la recherche et l’analyse des faits qui marquent les relations internationales d’un pays, il faut analyser le tempérament de l’homme d’État qui conduit les affaires de ce pays ; in Pierre Renouvin, Jean-Baptiste Duroselle, Introduction à l’histoire des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1991, 4e éd., p. 384-410.
[6] Le noirisme est un courant idéologique qui plaidait en faveur d’une plus grande participation des noirs dans la politique haïtienne, au détriment des mulâtres. Certains militants noiristes, dont Duvalier, désignaient les noirs comme les « fils authentiques » d’Haïti, prônant ainsi leur supériorité par rapport aux mulâtres.
[7] Archives du ministère des Affaires étrangères de la République française, ci-après MAE, série Amérique ; sous-série : Haïti (1952-1963) télégramme [non numéroté], de l’ambassadeur de France aux États-Unis, Hervé Alphand « Haïti : coup d’État du général Kébreau », Washington, 20 juin 1957.
[8] MAE, télégramme n° 172, de l’ambassadeur Lucien Félix, « La campagne contre l’accord commercial franco-haïtien », Port-au-Prince, 20 mars 1958.
[9] MAE, télégramme n° 431/AM de l’ambassadeur Lucien Félix, « Le conflit entre le gouvernement haïtien et le clergé français », Port-au-Prince, 28 août 1959 ; télégramme n° 660/AM, de l’ambassadeur Charles le Genissel « L’expulsion de l’Archevêque de Port-au-Prince, Mgr. Poirrier et les rapports entre l’Église et l’État », Port-au-Prince, 17 décembre 1960.
[10] Archives nationales des États-Unis d’Amérique (USNA), Embassy of the United States of America, Office of Memorandum, Port-au-Prince, 7 avril 1958 ; Foreign Service of United States of America, telegram n° 528, 31 mai 1958
[11] Leslie F. Manigat, Eventail d’histoire vivante d’Haïti. Des préludes à la révolution de Saint-Domingue jusqu’à nos jours (1789-2003), t.3, Port-au-Prince, Collections CHUDAC, 2003, p. 243.
[12] MAE, télégramme n° 425/AM, « Le débarquement d’envahisseurs étrangers dans le sud-ouest d’Haïti », Port-au-Prince, le 14 août 1959.
[13] Charles T. Williamson, The Naval Mission to Haïti, 1959-1963, Annapolis (USA), Naval Institute Press, 1998 p. 70 ; Robert Debs Hein Jr., Nancy Gordon Heinl, Written in Blood : The Story of the Haïtian People (1492-1995), New York, University Press, 1996, p. 602.
[14] François Duvalier, Paix et pain pour survivre. Message du 2 janvier 1962 au peuple haïtien, Port-au-Prince, Imprimerie de l’État, 1962.
[15] USNA, Department of State for the Press, n° 138, « Financial Assistance For Haïti », Washington, February 24, 1959.
[16] Archives du ministère des Affaires étrangères de la République d’Haïti, ci-après MHAE, télégramme (non numéroté) reçu le 16 décembre 1990 de l’Ambassade d’Haïti près du Saint-Siège.
[17] MHAE, Note du Département des Affaires étrangères aux Chefs de Missions diplomatiques accréditées en Haïti, PR/I, René Chalmers, Secrétaire d’État, Port-au-Prince, 11 février 1964 ; MAE, télégramme n° 36/AM, de l’ambassadeur Charles le Genissel « Expulsion par le Gouvernement haïtien des membres de la Compagnie de Jésus », Port-au-Prince, 13 février 1964.
[18] Foreign Relations of the United States (FRUS) 1961-1963, Central Intelligence Agency Files, Job 79-R01012A, ODDI Registry, Special Nation Intelligence Estimate (SNIE) 86.1-61, The Situation and Prospects in Haïti, Washington, June 7, 1961.
[19] Arthur Schlesinger Jr., A Thousand Days. John F. Kennedy in the White House, Boston et Cambridge, Houghton Mifflin Company et The Riverside Press, 1965, p. 780 ; François Duvalier, Mémoires d’un leader du tiers-monde, Paris, Hachette, 1969, p. 197-198 ; MAE, télégramme R10, de l’ambassadeur Charles le Genissel « La position d’Haïti à la Conférence de Punta del Este », 5 février 1962.
[20] Cf. Hypothèses 2010, Travaux de l’École doctorale d’histoire (Université Paris 1), « Welcome OEA. François Duvalier et la foule accueillent la mission d’enquête de l’Organisation des États américains, le 30 avril 1963 », 2011, p. 27-38.
[21] USNA, « Duvalier’s message to Addis Ababa », WWW1, Haïti, 31 May 1963, reproduit en annexe de MAE, télégramme n° 1023 AM, de l’ambassadeur de France aux États-Unis, Hervé Alphand, « Message du Président Duvalier à la conférence d’Addis-Abéda », Washington, 7 juin 1963 ; François Duvalier, Mémoires…, op. cit., p. 257.
[22] MHAE, télégramme du Dr François Duvalier, Président à Vie de la République d’Haïti, À Monsieur le Général Charles de Gaulle, Port-au-Prince, 29 avril 1969.
[23] FRUS 1969-1972, Document 396, Memorandum From the President’s Assistant for National Security Affairs (Kissinger) to President Nixon, Washington, October 31, 1970.
[24] FRUS 1969-1972, Document 402, Telegram 745 From the Embassy in Haïti to the Department of State, « First Ninety Days of the New Duvalierism », July 20, 1971.
[2] Cf. Leslie F. Manigat, Haiti of the Sixties, Object of International Concern, Washington, The Washington Center of Foreign Policy Research, 1964 ; Robert I. Rotberg, Christopher K. Clage, Haiti. The Politics of Squalor, Boston, Houghton Mifflin, 1971 ; Michel-Rolph Trouillot, Haiti : State Against Nation. The Origins and Legacy of Duvalierism, New York, Monthly Review Press, 1990.
[3] Cf. Gérard Pierre-Charles, Radiographie d’une dictature, Montréal, Edition Le Natal, 1988, traduit de l’espagnol Radiografía de una dictadura. Haití Bajo el régimen del doctor Duvalier, Mexico, Ed. Nuestro Tiempo, 1969 ; Bernard Diederich, Le Prix du sang. La résistance du peuple haïtien face à la tyrannie, tome I, François Duvalier (1957-1971), Port-au-Prince, Editions CEDH, 2005 ; Leslie J. R. Péan, Haïti, économie politique de la corruption, Tome III : L’ensauvagement macoute et ses conséquences, Paris, Maisonneuve et Larose, 2007.
[4] Cf. Stephen G. Rabe, Eisenhower and Latin America, The Foreign Policy of Anti-Communism, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1988 ; The Most Dangerous Area in the World : John F Kennedy Confronts Communism Revolution in Latin America, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999 ; Pope G. Atkins, Latin America in the International Political System, Boulder, Westview Press, 1989 ; Jorge Dominguez, Pastor Robert, Worrell DeLisle, Democracy in the Caribbean : Political, Economic, and Social Perspectives, Baltimore, John Hopkins University Press, 1993 ; Denise Artaud, Les États-Unis et leur arrière-cour. La défense de la troisième frontière, Paris, Hachette, 1995.
[5] Comme l’enseignent Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle, pour une réalisation efficace de la recherche et l’analyse des faits qui marquent les relations internationales d’un pays, il faut analyser le tempérament de l’homme d’État qui conduit les affaires de ce pays ; in Pierre Renouvin, Jean-Baptiste Duroselle, Introduction à l’histoire des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1991, 4e éd., p. 384-410.
[6] Le noirisme est un courant idéologique qui plaidait en faveur d’une plus grande participation des noirs dans la politique haïtienne, au détriment des mulâtres. Certains militants noiristes, dont Duvalier, désignaient les noirs comme les « fils authentiques » d’Haïti, prônant ainsi leur supériorité par rapport aux mulâtres.
[7] Archives du ministère des Affaires étrangères de la République française, ci-après MAE, série Amérique ; sous-série : Haïti (1952-1963) télégramme [non numéroté], de l’ambassadeur de France aux États-Unis, Hervé Alphand « Haïti : coup d’État du général Kébreau », Washington, 20 juin 1957.
[8] MAE, télégramme n° 172, de l’ambassadeur Lucien Félix, « La campagne contre l’accord commercial franco-haïtien », Port-au-Prince, 20 mars 1958.
[9] MAE, télégramme n° 431/AM de l’ambassadeur Lucien Félix, « Le conflit entre le gouvernement haïtien et le clergé français », Port-au-Prince, 28 août 1959 ; télégramme n° 660/AM, de l’ambassadeur Charles le Genissel « L’expulsion de l’Archevêque de Port-au-Prince, Mgr. Poirrier et les rapports entre l’Église et l’État », Port-au-Prince, 17 décembre 1960.
[10] Archives nationales des États-Unis d’Amérique (USNA), Embassy of the United States of America, Office of Memorandum, Port-au-Prince, 7 avril 1958 ; Foreign Service of United States of America, telegram n° 528, 31 mai 1958
[11] Leslie F. Manigat, Eventail d’histoire vivante d’Haïti. Des préludes à la révolution de Saint-Domingue jusqu’à nos jours (1789-2003), t.3, Port-au-Prince, Collections CHUDAC, 2003, p. 243.
[12] MAE, télégramme n° 425/AM, « Le débarquement d’envahisseurs étrangers dans le sud-ouest d’Haïti », Port-au-Prince, le 14 août 1959.
[13] Charles T. Williamson, The Naval Mission to Haïti, 1959-1963, Annapolis (USA), Naval Institute Press, 1998 p. 70 ; Robert Debs Hein Jr., Nancy Gordon Heinl, Written in Blood : The Story of the Haïtian People (1492-1995), New York, University Press, 1996, p. 602.
[14] François Duvalier, Paix et pain pour survivre. Message du 2 janvier 1962 au peuple haïtien, Port-au-Prince, Imprimerie de l’État, 1962.
[15] USNA, Department of State for the Press, n° 138, « Financial Assistance For Haïti », Washington, February 24, 1959.
[16] Archives du ministère des Affaires étrangères de la République d’Haïti, ci-après MHAE, télégramme (non numéroté) reçu le 16 décembre 1990 de l’Ambassade d’Haïti près du Saint-Siège.
[17] MHAE, Note du Département des Affaires étrangères aux Chefs de Missions diplomatiques accréditées en Haïti, PR/I, René Chalmers, Secrétaire d’État, Port-au-Prince, 11 février 1964 ; MAE, télégramme n° 36/AM, de l’ambassadeur Charles le Genissel « Expulsion par le Gouvernement haïtien des membres de la Compagnie de Jésus », Port-au-Prince, 13 février 1964.
[18] Foreign Relations of the United States (FRUS) 1961-1963, Central Intelligence Agency Files, Job 79-R01012A, ODDI Registry, Special Nation Intelligence Estimate (SNIE) 86.1-61, The Situation and Prospects in Haïti, Washington, June 7, 1961.
[19] Arthur Schlesinger Jr., A Thousand Days. John F. Kennedy in the White House, Boston et Cambridge, Houghton Mifflin Company et The Riverside Press, 1965, p. 780 ; François Duvalier, Mémoires d’un leader du tiers-monde, Paris, Hachette, 1969, p. 197-198 ; MAE, télégramme R10, de l’ambassadeur Charles le Genissel « La position d’Haïti à la Conférence de Punta del Este », 5 février 1962.
[20] Cf. Hypothèses 2010, Travaux de l’École doctorale d’histoire (Université Paris 1), « Welcome OEA. François Duvalier et la foule accueillent la mission d’enquête de l’Organisation des États américains, le 30 avril 1963 », 2011, p. 27-38.
[21] USNA, « Duvalier’s message to Addis Ababa », WWW1, Haïti, 31 May 1963, reproduit en annexe de MAE, télégramme n° 1023 AM, de l’ambassadeur de France aux États-Unis, Hervé Alphand, « Message du Président Duvalier à la conférence d’Addis-Abéda », Washington, 7 juin 1963 ; François Duvalier, Mémoires…, op. cit., p. 257.
[22] MHAE, télégramme du Dr François Duvalier, Président à Vie de la République d’Haïti, À Monsieur le Général Charles de Gaulle, Port-au-Prince, 29 avril 1969.
[23] FRUS 1969-1972, Document 396, Memorandum From the President’s Assistant for National Security Affairs (Kissinger) to President Nixon, Washington, October 31, 1970.
[24] FRUS 1969-1972, Document 402, Telegram 745 From the Embassy in Haïti to the Department of State, « First Ninety Days of the New Duvalierism », July 20, 1971.
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