mercredi 3 octobre 2012

Chaque soir, à la terrasse, je digère la ville. Aussi assurément que les cortèges, chaque jour, parcourent la rue de l'Enterrement, chaque soir, rituellement, je digère cette ville, cette expérience mienne où les sens en alerte, je prends, j'apprends, jusqu'à plus soif.

Chaque soir, à la terrasse, d'un regard circulaire, d'un regard inventaire, j'i
ntériorise cette ville qui me prend de plein fou

et.

Méthodiquement. L'horizon d'abord. Regarder loin, ignorer l'immédiat, faire de la place.

Chercher la mer ou la deviner plutôt, à croire que le séisme n'a pas tout aplani, à croire qu'ici il n'y a pas que les corps qui s'emmêlent. Le ciel et la mer, aussi, veulent leur part de fusion.

Les mornes, barrages à l'horizon.

Le palais, symbole de l'état en miette, chapeauté de travers.

La cathédrale, décapitée, ouverte à tous vents.

Les jambes et les draps des prisonniers, pendus aux barreaux.

Une poule sur la terrasse fait le tour d'une tente, toile faisant concurrence au linge suspendu.

Des fils qui s'emmêlent, une pensée qui n'en finit plus de décortiquer la complexité.

Arrive le regard espiègle et lumineux du petit Alex. Fin d'inventaire.



texte rédigé en atelier d'écriture le 23 juin, par Gwenaëlle Baamara

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