La fondation haïtienne de Wyclef Jean aurait mis la clé sous la porte sur fond de scandale financier
En novembre 2011, Wyclef Jean était déjà dans la tourmente. Une enquête du New York Post affirmait alors qu’un tiers seulement des 16 millions de dollars collectés grâce à son association Yéle depuis le tremblement de terre survenu à Haïti en 2010, avait servi à la reconstruction du pays. Dans son autobiographie Purpose: An Immigrant’s Story, sortie fin septembre, le chanteur revient sur l’affaire en brossant le portrait d’un homme persécuté. Il affirme qu’il ne s’est jamais servi dans la caisse de l’organisation, arguant du fait qu’il détient une collection de montres d’une valeur de 500 000 dollars.
Mais leNew York Times, qui s’est rendu sur place,affirme que Yéle a mis la clé sous la porte le mois dernier, laissant derrière elle dettes et projets non aboutis, après la démission de son directeur Derek Q. Johnson à la fin du mois d’août. Comme l’a expliqué ce dernier :
“Dans la mesure où je suis le seul employé restant, ma décision implique la fermeture de l’organisation”.
Ce choix ferait suite au refus de Wyclef Jean de passer un accord avec le procureur général. L’accord impliquait, entre autres, que Jean et les deux autres fondateurs de l’organisation s’acquittent de la somme de 600 000 dollars afin de “remédier au gaspillage des biens de la fondation“.
Où est passé l’argent ?
Les conclusions d’une enquête menée sur 3 millions de dollars dépensés entre 2005 et 2009 par Yéle sont implacables : Wyclef Jean et d’autres membres de l’association se seraient octroyé 256 580 dollars. La liste des dépenses est longue : 24 000 dollars auraient servi à payer le chauffeur du chanteur et 30 763 dollars un jet privé transportant l’actrice Lindsay Lohan du New Jersey à une levée de fonds à Chicago. La fondation aurait payé Wyclef Jean 100 000 dollars pour donner un concert lors d’une levée de fonds à Monaco, et déboursé 57 927 dollars pour acheminer Matt Damon et d’autres personnalités en jet privé en Haïti.
Côté aide au pays, Yéle aurait dépensé de l’argent pour des projets qui n’auraient jamais vu le jour. Comme le rapporte le New York Times, 93 000 dollars seraient allés à la construction de maisons qui n’auraient jamais été construites, tout comme un centre médical à 146 000 dollars et la revitalisation d’une place, située dans un taudis, à 230 000 dollars.
Le New York Times regorge d’histoires de ce genre, toutes plus controversées les unes que les autres. Comme celle du traiteur haïtien, qui s’est occupé de servir des repas chauds à des populations déplacées, et qui poursuit Yéle en justice pour non-paiement de 430 000 dollars. Une entreprise de Miami, Amisphere Farm Labor, a effectué le même travail de 2008 à 2009, pour lequel elle a touché 1 million de dollars.
En 2010, Sean Penn, qui a fondé la J/P Haitian Relief Organization, avait déclaré auNew York Times :
“J’ai l’impression que Yéle est au service de Wyclef Jean et de sa réputation”.
L’acteur américain, qui s’est attelé début octobre à la démolition du palais présidentiel ravagé par le séisme, n’avait peut-être pas tort concernant le chanteur qui s’était présenté à la présidentielle haïtienne avant de se retirer après le rejet de sa candidature par la Commission électorale. Motif : il n’avait pas résidé de façon permanente en Haïti les cinq années précédant sa candidature.
Source les inrocks
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